La vie du cercle entre deux guerres
La reprise des activités après la première guerre mondiale
L’université de Louvain a été particulièrement éprouvé par la première guerre mondiale. Dès 1914, les troupes allemandes ont envahi la Belgique et occupé la ville de Louvain. L’Université catholique de louvain, solidaire avec les trois autres universités, a alors fermé ses portes. Ce n’est que le 21 janvier 1919, que l’université a pu rouvrir ses portes.
Nous ignorons malheureusement à peu près tout de la reconstitution du Cercle après la première guerre mondiale. Toujours est-il, que le folklore estudiantin n’a pas tardé à se réinstaller au sein de la communauté luxembourgeoise de Louvain.
La tradition des Kneipen a du être rapidement reprise, mais le folklore estudiantin propre au Cercle d’avant-guerre a mis quelques années à renaître. Ainsi en 1923-1924, les étudiants luxembourgeois n’avaient pas encore de couvre-chef propre à eux. Dans les années suivantes, on utilisait pendant une courte durée la calotte, pour finalement choisir la flatte comme couvre-chef.
Certaines traditions ont été récupérées d’autres associations luxembourgeois. C’est ainsi que Alphonse Huss réintroduisait la tradition de la Béierzeitung vers 1923. Il connaissait cette tradition à travers le Akademiker Verein (A.V.), qui organisait régulièrement des Kneipen au Luxembourg. Sans doute le président d’honneur Eugène Koltz, surnommé « Papa Koltz », avait-il aussi contribué à garder la mémoire au Cercle et à aider à reconstruire les Lëtzebuerger zu Leiwen.
Un des personnages marquants du Cercle au début des années 20 était Nicolas Mousel. Il réintroduisait notamment la tradition des Beiernimm. Selon les dires de certains, on se fiait alors lors des Kneipen strictement aux règles du Commang. Sous l’impulsion de Emile Hencks, étudiant de 1925 à 1928 à Louvain, de nombreuses traditions ont revu le jour. Le port d’un Couleursbändchen au couleurs nationales par les Burschen, et d’une bande bleu-blanc par le Fiis, la réintroduction des Béiernimm n’étaient que quelques unes des traditions reprises par Emile Hencks. Il lançait aussi le port du Cerevis, qui ne s’utilisait toutefois que pour les Kneipen, ou encore le Fuusseschwanz, qui décorait le Cerevis du Fuussemajoer.
Toujours est-il, que dès la moitié des années 20, le Cercle était solidement remis sur les rails et avait repris le blason qui le décorait à l’aube de la première guerre mondiale.
Les festivités du 50ème anniversaire
En février 1929 eurent lieu les festivités du 50ème anniversaire, célébrée avec grand pompe, sous la présidence de Jos. Frast. L’hôtel Métropole recevait pour la circonstance la Grand-Ducale, leurs anciens et de nombreux invités.
Les festivités s’étalaient sur trois jours. Le samedi 23 février, le Cercle offrait le vin d’honneur au « Zingenden Molens », suivi du « Festkommers », la Kneip, à l’hôtel Métropole. Le dimanche matin le bourgmestre de la Ville de Louvain, M. Vandervaeren, recevait pour une réception à l’hôtel de Ville, et l’après-midi avait lieu le grand Banquet à l’hôtel Métropole, où de nombreuses personnalités s’étaient données rendez-vous.
Ainsi, le recteur de l’université, Mgr. Paulin Ladeuze, le secrétaire général de l’université, le Prof. Léo van der Essen, et le comte Gaston d’Ansembourg, chargé d’affaire du Luxembourg à Anvers (?), avaient honoré le Cercle de leur présence. Plusieurs professeurs de Louvain, tel que les professeurs Monin de la faculté de théologie, Henri de Vocht ou encore Koerperich, étaient venus assister aux festivités, mais aussi le Prof. Edouard Joseph Klein, fameux professeur de biologie à l’Athénée de Luxembourg.
De nombreux anciens s’étaient aussi retrouvés à cette occasion, avec en tête Léon Kugener, directeur des usines sidérurgiques de Hagondange, et président d’honneur du Cercle, ainsi que de nombreux autres, dont ne savons plus citer les noms. Des représentants des Cercles estudiantins d’Anvers, de Aix-la-Chapelle et de Liège, ainsi que des invités d’associations estudiantines de Louvain, étaient venus pour participer à ces festivités du 50ème anniversaire, des festivités qui sont restées gravés dans la mémoire du Cercle pendant de longues années encore.
La vie du cercle entre 1918 et 1939
Les activités du Cercle consistaient presque essentiellement des Kneipen, qui avaient lieu régulièrement, au rythme de deux Kneipen par mois le samedi soir. Le début était généralement fixé à 20.00 et la Kneip se terminait vers minuit. Le président et le Contra disposaient eux d’une épée, qui servaient principalement pour taper sur la table afin d’instaurer le silence. Le Béierhorn était rempli de bière, et, lors d’un chant, passait à la ronde.
On utilisait le livret de chant allemand, le « Allgemeines Deutsches Kommersbuch ». Le Fussemajor tranchait avec son épée dans le livret de chant, et à la page ainsi ouverte, le Fuuss a du chanter. Il est probable aussi que sur l’initiative de Emile Hencks, le Commang ait été revu et actualisé au cours du semestre d’hiver de l’année académique 1925-1926.
Eugène Koltz, le président d’honneur, offrait alors régulièrement une visite de la brasserie et malterie van Tilt au cercle, dont il était l’ancien directeur.
Les rentrées au Luxembourg étaient rares, et les étudiants passaient à l’époque la plupart des fins de semaines à Louvain. On faisait alors des promenades aux alentours de Louvain, vers Heverlée ou vers les Eaux Douces, un plan d’eau agréable à quelques kilomètres de la ville universitaire. Parfois, on se réunissait en groupe pour partir vers Haacht, passer le dimanche après-midi à déguster la bière locale.
Un autre passe-temps était le football, dont les luxembourgeois étaient de fervents adeptes, en participant régulièrement au tournoi universitaire. Parfois leurs efforts restaient vain, tel que témoigne cette écrasante défaite 0:7 face à la Lux, qui pour l’occasion s’était déplacée avec leur fanfare. Mais en juin 1928, l’équipe grand-ducale réussissait l’exploit de remporter le tournoi universitaire. Cette victoire s’était dignement fêté, on parle même d’un défilé improvisé dans les rues de Louvain.
En automne 1928, le Cercle fut durement touché par le décès de leur président d’honneur Eugène Koltz. « Les étudiants Grand-Ducaux garderont un souvenir ému de celui qui fut leur paternel conseiller de tous les instants et fut, pendant de si longues années la pierre angulaire de leur Société ». C’est avec ces mots que les étudiants exprimait leur tristesse dans leur faire-part. Celui qui avait suivi les Letzebuerger zu Leiwen pendant 50 années n’allait plus pouvoir assister aux festivités du 50ème anniversaire, que l’on avait commencé à préparer.
Le contact avec d’autres associations estudiantines se faisait souvent à travers le choix d’un même staminet. Les luxembourgeois avaient avant 1930 leur staminet au Café Suisse. Dans les années 20, ils partageaient ce même café avec l’Eumavia et la Helvetia, d’ou se nouaient des contacts étroits par des invitations réciproques aux Kneipen et des visites en commun de brasseries. Vers 1923 déjà, de bons contacts avec la Lux, regroupant les étudiants le la province de Luxembourg, ont également été rapportés.